À table avec Jean Bédard: retourner constamment à la planche à dessin

«En restauration, tu n’as pas le choix, tu continues à investir ou tu arrêtes», a déclaré Jean Bédard, le président et chef de la direction du Groupe Sportscene, la société mère de La Cage aux Sports. Il s’est confié à Argent en marge de l’assemblée annuelle de Sportscene, la semaine dernière.
L’homme d’affaires, à la tête de l’entreprise depuis 20 ans, croit que les restaurateurs qui ne transforment pas leur décor et leur marque commettent une erreur. «Si une chaîne locale comme La Cage aux Sports est encore là après 30 ans, c’est parce que nous avons fait nos devoirs à plusieurs reprises», a-t-il dit.
Autrefois, un restaurateur pouvait proposer le même concept pendant une dizaine d’années. De nos jours, il doit retourner sur sa planche à dessin après sept ans. C’est pour ces raisons que La Cage aux Sports est en train d’adopter un nouveau look, plus épuré que dans le passé.
Les télévisions sont encore présentes, mais le décor est moins chargé qu’à l’époque où des articles de sports étaient fixés au mur et un avion suspendu au plafond.
«On a voyagé beaucoup pour créer notre nouveau décor, car nous voulions rester le plus beau restaurant à caractère sportif au Québec. C’était rendu que tout le monde nous copiait en mettant des chandails de hockey sur les murs. Donc, on est allé voir ce qui se faisait de mieux dans les grandes villes, à New York, Boston et Las Vegas», a expliqué
M. Bédard, précisant que le Bar demeure une pièce maîtresse des succursales rénovées.
Jean Bédard est ravi des résultats. Pendant l’entrevue, réalisée à La Cage aux Sports de Boucherville, le restaurant emblématique de la chaîne, son regard s’est illuminé lorsqu’il nous a montré les assemblages de bâtons de hockey, de véritables œuvres d’art accrochées au plafond, et les rampes de bâtons de baseball créés par des designers.
Investissements colossaux
Rester au goût du jour nécessite toutefois des investissements colossaux. Sportscene et ses partenaires prévoient investir plusieurs millions d’ici cinq ans pour rénover les restaurants du réseau. La compagnie croit que l’investissement va lancer un nouveau cycle de croissance, à un moment où les consommateurs dépensent moins. Le menu de l’enseigne sera aussi revisité.
«Avec internet, la multiplication des magazines et des émissions de cuisine, les gens sont plus informés. Comme ils cuisinent beaucoup, ils veulent qu’on leur propose des produits différents que ceux préparés à la maison», a exprimé M. Bédard.
L’entreprise tiendra aussi compte des préoccupations des consommateurs au niveau des allergies, des taux de sodium et de sucre. Mais pas question d’éliminer le maïs soufflé et les ailes de poulet. «Ça fait partie de l’ADN de la Cage. Enlever ça serait comme éliminer le Big Mac chez McDo», a analysé le patron.
La Cage aux Sports veut quand même se diversifier. La chaîne prévoit ouvrir une série de grilladeries, Les Rouge Steakcage, à l’intérieur de certains restaurants. Le menu de grillades a été conçu par le chef Louis-François Marcotte. Le premier Les Rouge a été lancé en décembre dernier. Il est installé sur une mezzanine dans la Cage de Boucherville.
«On veut occuper un autre segment de la restauration, plus haut de gamme. Les Rouges, c’est comme la classe affaires dans un avion. On offre la même ambiance dans le même lieu physique. Mais le service, l’offre et le confort sont différents», a exprimé Jean Bédard, soulignant que la réponse est excellente.
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