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Sommeliers québécois en France: l'appel de la terre

Le désir de rencontrer les vignerons, d'en apprendre plus sur les cuvées, de marcher sur la terre qui a engendré ce divin breuvage qu'est le vin... voilà quelques raisons qui ont poussé des sommeliers québécois à migrer vers la France pour s'épanouir dans leur profession. Portrait de deux sommeliers de chez nous qui ont le vent dans les voiles. 


Sortir des sentiers battus


Alexis Hudon entretient une passion pour le vin depuis quelques années déjà. Ayant travaillé en tant que sommelier au Montego Resto Club, au Cercle et au Pied Bleu à Québec, il a commencé à développer un intérêt marqué pour les vins natures et biodynamiques, c'est-à-dire en équilibre avec le milieu naturel dans lequel ils évoluent. C'est dans ce créneau qu'il voulait se spécialiser, mais il trouvait difficile de creuser davantage cette gamme de vins au Québec, notamment en raison des restrictions de la SAQ, précise-t-il. 


Installé en France depuis l'été dernier, Alexis a pu assouvir son désir de connaissances sur le vin. «Sur le plan personnel ça m'a fait énormément grandir. Comme on déguste beaucoup, j'ai découvert plus de vignerons en sept mois en France qu'en cinq ans au Québec», dit-il. Actuellement, il est en charge des achats de vins au Coinstot Vino à Paris, il déguste une panoplie de vins (pauvre lui!) et participe à de nombreux salons. «À Québec, il y a deux salons par année. Parfois il y a des dégustations mais tu ne goutes jamais toutes les cuvées tandis qu'ici, les producteurs se déplacent jusqu'au resto. On peut gouter à toutes les cuvées, même celles des producteurs de vins espagnols, italiens ». 


En France, on retrouve en moyenne 270 producteurs de vin biodynamique sur les 450 qui existent dans le monde. De quoi faire plaisir à Alexis! Selon le jeune sommelier de 29 ans, «le fait qu'on produise peu de vin [au Québec] nous donne cette curiosité d'aller comprendre comment il est fait». Ses observations lui font dire que les sommeliers québécois sont plutôt appréciés en France. «Ici, ce qu'ils aiment des Québécois ou des sommeliers qui viennent d'ailleurs, c'est qu'ils sont très pointus en dégustation et connaissent beaucoup les cépages et les terroirs, même parfois un peu plus que certains sommeliers français.» 


Observation sur le terrain


Au Québec, on peut étudier la sommellerie dans quelques institutions dont la plus renommée est l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec située à Montréal. Caroline Loiseleux est passée par là et est bien satisfaite de son parcours académique. Selon elle, c'est bien d'avoir une base, mais «ça ne fait pas tout». «Je pense que la meilleure formation c'est d'être autodidacte, de bouquiner et aussi d'aller sur le terrain c'est super important. [...] Au Québec, il faudrait aller faire de la formation dans les vignobles québécois et ontariens, mais aussi aller chez les agriculteurs de pommes faire des formations sur la terre et comprendre comment ils l'alimentent. C'est vraiment une symbiose», affirme-t-elle. 


Née à Montréal de parents français, Caroline Loiseleux a choisi la France pour poursuivre sa carrière. Ayant fait ses griffes en restauration dans la métropole québécoise et étudié le commerce et la sommellerie, Caroline avait besoin d'aller sur le terrain, pour voir comment on fabrique le vin. À 30 ans, elle a entamé un pèlerinage sur la route des vins en Italie où elle a pu rencontrer des vignerons et mieux comprendre les vignobles. 


«Je suis partie de Montréal non pas parce qu'il n'y avait rien à faire, mais ce n'est pas une terre viticole donc c'est moins facile de faire plus grand». Elle est cependant d'avis que le Québec se débrouille plutôt bien en matière de vin nature. «On est un des pays qui ont mené le vin nature au haut niveau. Même si on a eu des freins par rapport à la SAQ, on a trouvé les personnes qui croient au vin, aux vignerons et à leur travail, qui ont su très bien le mettre en valeur. Malheureusement, il y a cette contrainte qui nous fait avancer à petits pas mais qui n'avançait pas assez vite pour moi », ajoute-t-elle. 


Maintenant âgée de 37 ans, Caroline Loiseleux est collaboratrice pour l'Omnivore Food Book, un magazine dédié à la cuisine française et internationale, mais aussi au vin et aux événements culinaires. La sommelière s'intéresse au sol, à la matière organique, bref, à ce qui compose la terre, toujours en lien avec le vin. «Aujourd'hui, il y a un gros problème, c'est cette détérioration de la terre. On ne va pas la sauver, mais on peut essayer de l'améliorer en tout cas», croit Caroline. 




MARIE-ANNE DAYÉ

Blogueuse - Journaliste

Hotelleriejobs.com 


Marie-Anne Dayé est journaliste indépendante depuis près de deux ans. Lors d'un séjour en France, elle a écrit pour des médias tels que Rue89, Courrier International et l'Agence France-Presse. À son retour à Québec, elle a travaillé au journal Le Soleil et pige aujourd'hui pour divers magazines. On peut aussi la surprendre en train de nous servir un café, car elle est aussi barista!