Les Cubains ont désormais le droit de... voyager à l'étranger
Pour la première fois depuis les années 60, tout Cubain de plus de 18 ans est autorisé à se rendre à l'étranger s'il est muni d'un passeport en règle. Les mineurs peuvent également sortir du pays à condition de disposer d'autorisations notariées de leurs parents ou tuteurs. La loi devrait bénéficier particulièrement aux quelque deux millions de Cubains, soit près d'un Cubain sur six, qui vivent à l'étranger - dont 80 % aux États-Unis, essentiellement en Floride -, ainsi qu'aux sportifs et professionnels qui ont fait défection lors de leurs tournées ou missions à l'étranger.
Passeport à cinq smic
Depuis les restrictions imposées en 1961 par le régime communiste, les Cubains désirant quitter l'île devaient solliciter une "carte blanche" et présenter une lettre d'invitation de l'étranger, où ils ne pouvaient rester plus de 11 mois, sous peine de voir leurs biens confisqués et être considérés comme des expatriés définitifs, généralement sans possibilité de retour. Jusqu'à présent, les formalités - passeport, permis de sortie, certifications de documents, visa du pays de destination - pouvaient coûter jusqu'à 500 dollars qui, ajoutés au billet d'avion, mettaient souvent les voyages hors d'atteinte pour les Cubains, dont le salaire mensuel moyen est de 20 dollars. Aujourd'hui, il faudra tout de même payer 100 dollars pour obtenir un passeport.
La nouvelle loi est l'une des plus fortes depuis que Raul Castro a succédé à son frère Fidel en juillet 2006. Il a depuis introduit diverses réformes donnant plus de place au secteur privé. Les États-Unis ont salué la décision de Cuba de mettre fin au permis de sortie obligatoire pour les Cubains, cohérente à leurs yeux "avec la Déclaration universelle des droits de l'homme qui précise que tout le monde doit avoir le droit de quitter n'importe quel pays - y compris le sien - et de pouvoir y retourner, de pouvoir aller et venir". La réforme a toutefois le potentiel de déclencher une crise migratoire entre les deux pays. Héritage de la guerre froide, les États-Unis attribuent le statut de résident aux Cubains arrivant sur leur sol.
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