Grèves en série : l'hôtellerie et l'aviation sous tension
Photo de couverture : Ivanoh Demers
L'industrie de l'hôtellerie et de l'aviation connaît un été particulièrement mouvementé avec une série de grèves qui mettent en lumière les revendications des travailleurs et l’impact profond sur l’ensemble du secteur. Retour sur ces mouvements de contestation, leurs enjeux et leur influence sur une industrie déjà fragile.
La 11e ronde de négociation : Une mobilisation coordonnée dans l’hôtellerie québécoise
Depuis juillet dernier, le secteur hôtelier québécois est marqué par une série de débrayages qui s'inscrivent dans le cadre de la 11e ronde de négociation coordonnée, orchestrée par la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Ce mouvement regroupe plus de 3500 travailleuses et travailleurs issus de 30 hôtels, couvrant des régions clés comme la Capitale-Nationale, l’Estrie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et le Grand Montréal.
Les revendications de ces syndicats s'articulent autour de 7 demandes communes, qui visent à améliorer significativement les conditions de travail dans un secteur déjà fragilisé par la pandémie.
Parmi les principales demandes :
- Obtenir des augmentations salariales de 36 % sur quatre ans pour combler la perte du pouvoir d’achat liée à l’inflation
- Augmenter la contribution de l’employeur au régime d’assurance collective
- Encadrer la formation pour la relève et mieux appuyer les formateurs et formatrices
- Revoir l’accès et la rémunération pour les vacances annuelles pour attirer la relève et reconnaître l’expérience du personnel en place
- Éliminer le recours aux agences de placement
- Freiner la surcharge de travail pour mieux protéger le personneliner le recours aux agences de placement
- S’assurer que les personnes salariées décident entre elles du partage des pourboires
Parmi les grèves les plus marquantes, plus de 400 travailleuses et travailleurs des hôtels Bonaventure à Montréal, PUR à Québec, et Delta à Sherbrooke sont actuellement en grève pour accentuer la pression sur les négociations. Ce débrayage est une action stratégique pour faire avancer les discussions après plusieurs tentatives infructueuses de trouver un accord.
À noter que des grèves similaires avaient déjà eu lieu les 8 août et 30 août, avec des actions coordonnées entre plusieurs établissements.
Malgré plusieurs mois de discussions, aucun règlement n’a encore été trouvé, et les employeurs estiment que leurs offres sont déjà « raisonnables ». L’Association hôtelière du Grand Montréal a même déclaré que les conditions actuelles des employés sont déjà bonnes et que les propositions mises sur la table sont « très intéressantes ».
Les syndicats sont déterminés à faire avancer les négociations, mais face au statu quo, d’autres journées de grève à l’échelle nationale sont à prévoir si aucun progrès significatif n’est réalisé rapidement.
Air Canada : Une grève évitée de justesse
Le 14 et 15 septembre, les pilotes d'Air Canada ont annoncé une entente de principe qui a permis d'éviter un arrêt de travail potentiellement désastreux pour l'industrie aérienne canadienne. Cet accord préliminaire porte sur une convention collective de quatre ans, négociée avec l'Air Line Pilots Association (ALPA), qui représente plus de 5200 pilotes chez Air Canada et Air Canada Rouge.
Sans cet accord, un arrêt de travail menaçait de paralyser les opérations de la compagnie, affectant jusqu'à 110 000 passagers. Ce mouvement aurait ajouté une pression supplémentaire à une industrie déjà sous tension, où les retards et annulations de vols impactent lourdement l'expérience des voyageurs. Cette entente devrait offrir une certaine stabilité dans les années à venir, tant pour les employés que pour les passagers d'Air Canada.
L'hôtellerie, comme d'autres secteurs liés au tourisme, a été gravement touchée par la pandémie de COVID-19. Les restrictions de voyage, la fermeture des frontières et la chute drastique de la demande ont entraîné des pertes massives de revenus pour les hôtels. Les employés, de leur côté, ont subi des mises à pied massives, des réductions de salaire et une incertitude constante. Alors que l’industrie tente de se relever, les grèves ajoutent une pression supplémentaire sur un secteur encore en convalescence.