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Battuto: encore!

(Québec) CRITIQUE / On l'attendait non pas avec une brique et un fanal, mais l'eau à la bouche, ce nouveau projet du très talentueux Guillaume St-Pierre. Depuis janvier, Battuto fait parler de lui et qu'en bien! Retour sur une soirée cool, gourmande et musicalement allumée!

Guillaume St-Pierre a su s'entourer. C'est un véritable trio qui est à l'origine de la trattoria urbaine au pied de la côte Salaberry. À sa droite et à sa gauche, deux associés et complices : Paul Croteau, l'artiste derrière les pâtes fraîches, la foccacia aérienne et les desserts, et Pascal Bussières, maître du volet alcools. Ensemble, ils ont visé juste en allant chercher ce qu'il y a de meilleur dans l'Italie à savoir la simplicité, le fait maison et l'hospitalité.

«Plus besoin de retourner en Italie», m'avait confié la copine Marie-Josée quelques jours plus tôt après une soirée «d'abus» (en tout honneur!) chez Battuto. De go, je peux vous dire que j'ai moi aussi eu le coup de foudre pour «l'ensemble de l'oeuvre». Non seulement j'ai bien mangé et bien bu - merci à l'agence d'importation privée Les Vieux Garçons -, qui plus est mes oreilles n'ont pas crié basta une seule fois de la soirée grâce à Amélie, adorable serveuse et mélomane indie. Ses playlists sont d'ailleurs disponibles sur Spotify.

Dès l'arrivée à table des aperitivo, une sélection de petits plats dans lesquels nous piochons allègrement, le sentiment d'être là-bas, en Italie, s'installe. Moi qui ne suis pas une fan d'olives à grignoter, je n'ai pas levé le nez sur celles proposées, bien vertes, rondelettes et charnues. Leur parfum de clémentine et de fenouil n'est pas étranger à ma conversion momentanée. Tranchée n'importe comment, Dieu sait que la mortadelle peut devenir grossière en bouche. Pourvue de petits yeux de gras, d'éclats de poivre concassé et de pistaches, la mortadelle pour connaisseur de Battuto s'est mérité le respect d'une lame affûtée.

Quant à la foccacia  «soufflée» comme un nuage, je ne serai pas gênée d'en offrir à mon amie Carmella qui pétrit son pain depuis toujours. Pour finir, je vous recommande - oblige! - à essayer les arracinis (4) et leur mayo safranée. Parlant authenticité, les boules de risotto frit n'ont pas d'égales. J'en aurais mangé 60 tant ces fritures étaient légères et l'appareil «tomaté» fondant.

Look minimaliste

Si j'ai eu un coup de coeur pour la nourriture, l'espace m'a charmé par son look de trattoria minimaliste. Du coup, l'ancien casse-croûte Chez Ruth s'est habillé de carrelage blanc, de bois clair et d'une lumière abondante sans être aveuglante.

Le voilà qui s'en vient, ce deuxième service d'antipasti, lui aussi en formule partage. Sur d'épais croûtons croustillants, de la mousse de foie de pintade légère et pleine d'air se prend pour de la crème fouettée tant sa texture est jouissive. Quelques noisettes caramélisées font écho, par leur côté croquant, au crunchy du pain. Ce sont toutefois les aubergines qui créent la surprise. Nichée dans des coeurs de laitues sucrées, la chair [d'aubergine] a été détaillée en gros dés attendris (à la cuisson) agrémentés de ricotta fouettée. Pour leur ajouter du pep, de la peau croustillante de poulet réduite en crumble a été saupoudrée un peu partout. Miam!

Les pâtes (trois choix, dont une à la sauce Ragù à l'agneau et vin rouge) finissent de nous convaincre que l'Italie est à notre portée. Leur coeur comme un gros jaune d'oeuf, les raviolis à la courge butternut nappés d'un beurre blanc aromatisé à la sauge combinent le soyeux (la sauce), la cuisson al dente parfaite et une texture bonifiée grâce à une garniture de dés de courge. Délicieux. Les gnocchis à la châtaigne montrent une consistance très moelleuse. Il faut en avoir mangé de véritables pour comprendre la texture recherchée, loin de celle plus dure qu'on retrouve généralement. Encore une fois, les textures se chevauchent par l'addition d'un «beau gras», lire de la pancetta, du chou émincé et du fromage pecorino.

Le dessert honore la réputation de maître glacier des Italiens. Le sorbet à la clémentine permet d'espérer le printemps et le gâteau à la polenta déposé sur un nappage de crème anglaise au parfum de romarin et morceaux de poires donne à croire qu'il y a une mamma italienne qui sommeille en Paul Croteau...

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