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Plus d'hôtels à échelle humaine à Montréal

Des hôtels plus petits. Un nombre de chambres réduit. Plus de services personnalisés. Voilà la tendance qui marque actuellement l'industrie hôtelière à Montréal.

Le William Gray: 127 chambres. L'hôtel Renaissance: 142 chambres. Le Mount Stephen: 90 chambres. Ces quelques exemples de projets - récents ou à venir - illustrent bien les changements qui touchent le monde de l'hôtellerie.

Pour la petite histoire, les années 2013 et 2014 ont été marquées par la fermeture de gros hôtels tels que le Delta centre-ville (700 chambres) et le Holiday Inn Midtown (500 chambres). Ainsi, pour la grande région de Montréal, le nombre de chambres est passé de 17 508 en 2012 à 15 406 en 2014, indiquent les chiffres fournis par l'Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM).

Selon la présidente-directrice générale, Ève Paré, plusieurs de ces établissements étaient rendus à la «croisée des chemins». Investissements et rénovations devenaient nécessaires. Certains propriétaires ont fait le «test de la calculatrice» et ont décidé de ne pas donner une seconde vie à leur hôtel.

«Est-ce qu'on était en surnombre?», se demandait Mme Paré au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Chose certaine, avec un moins grand nombre de chambres dans la métropole, les établissements restants ont alors bénéficié d'une hausse de la clientèle, ce qui a eu pour effet d'augmenter les taux d'occupation.

«Quand on regarde ce qui a fermé, c'est du gros bateau, commente la présidente-directrice générale de l'AHGM. Quand on regarde ce qui s'ouvre, c'est beaucoup plus petit, ajoute-elle. On parle [d'établissements] de 100 à 150 chambres.»

«Ça permet de faire des hôtels plus personnalisés, avec une personnalité très distincte les uns des autres qui va permettre de cibler davantage les besoins de certaines clientèles.»

«Ici, on a beaucoup d'hôtels boutiques», ajoute pour sa part Daniel Gallant, professeur au programme des Hautes Études en gestion hôtelière internationale à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec (ITHQ). «Dans d'autres villes, les chaînes prennent le dessus. Quand on vient à Montréal, on cherche le côté historique, le secret bien gardé.»

Montréal, luxueuse

La mode des petits hôtels va également de pair avec la nouvelle identité qu'est en train de se forger la métropole. «Montréal est maintenant vu comme une destination plus luxueuse, affirme Ève Paré. Auparavant, on était davantage vu comme une destination plus abordable. On voit le tarif moyen évoluer vers le haut. Il y avait une portion de rattrapage. On se vendait à rabais. On se rapproche davantage de nos principaux concurrents [Toronto et Vancouver].» L'industrie des croisières, en forte croissance, a notamment contribué à ce changement.

Le prix moyen d'une chambre pour les établissements membres de l'Association est passé de 138,34 $ en 2011 à 168,82 $ en 2016.

Airbnb

L'hébergement illégal a également changé la donne, reconnaît Mme Paré.

«Un hôtel au centre-ville ne pourra jamais émuler ce qu'un appartement dans un quartier résidentiel offre, mentionne-t-elle. C'est sûr qu'Airbnb fait très, très mal aux gîtes touristiques, aux petites auberges qui, elles, sont davantage situées dans des quartiers résidentiels.» Elle souligne qu'il y aura toujours des gens qui préféreront séjourner dans un hôtel au centre-ville.

«C'est une offre qui n'existait pas avant, rappelle Daniel Gallant. La nouvelle génération veut vivre l'expérience d'une ville de façon différente. Ils veulent avoir l'impression d'aller chez quelqu'un. Ils ne veulent pas nécessairement ce qui est populaire, mais plutôt ce qui est particulier.»

«L'hôtellerie change, poursuit-il. Et c'est tant mieux, ça nous force à nous réinventer.»

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