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Québec vibre sous l’effet du staycation

Photo de Max Vakhtbovych provenant de Pexels
Photo de Max Vakhtbovych provenant de Pexels

Québec vibre sous l’effet du staycation 

Il est 6h30 dans la Capitale-Nationale. Mon radio-réveille-matin me propulse hors de mon sommeil pour m’avertir qu’un concours palpitant a lieu dans la ville de Québec. Intrigué malgré mon état de somnolence, j’écoute l’animateur Claude Bernatchez annoncer que le douzième appel remporte une nuitée gratuite au Château Frontenac. Pour ce soir.  

Je suis tout d’un coup moins fatigué. Je compose frénétiquement le numéro dévoilé par Bernatchez. Aucune réponse. L’animateur radio-canadien prie ses auditeurs d’arrêter d’appeler, les lignes vont exploser. J’apprends que c’est un certain Benoît qui séjournera au Château. Pas moi. J’ai le cœur qui bat, j’aurais tellement aimé gagner ! C’est la magie que vendent les hôtels. Une échappatoire, une aventure. Même près de chez soi. 

Une semaine plus tard, à la fin du mois de janvier, Destination Québec Cité lançait une série de promotions surprenantes, dont « Restez à coucher », qui propose une deuxième nuitée gratuite.

Une autre promotion, cette fois exclusive aux résidents de la région de Québec, offre 50 % de rabais sur la nuitée et 25 $ dans un restaurant. L’initiative de Destination Québec Cité a vu le jour lors d’un mouvement solidaire où le maire de Québec, Bruno Marchand, a invité les citoyens à encourager les restaurateurs de la ville. Une vague d’amour a ensuite déferlé sur la capitale, propulsée notamment par les réseaux sociaux. 

Depuis, dans un élan inattendu, l’hôtellerie et la restauration de la capitale surfent sur la vague du staycation.

Du 17 janvier au 20 février, la promotion a généré 18 000 nuitées. Combiné avec la phase 1 du projet à l’automne, ce nombre s’élève à 50 000.  « Nous sommes très satisfaits. Ça dépasse totalement nos attentes ! », confie Robert Mercure, directeur général de Destination Québec Cité.

Celui qui a dirigé le Château Frontenac pendant une décennie rapporte que la rétroaction est excellente : « Les gens ont pris plaisir à redécouvrir des lieux qu’ils tenaient pour acquis. Il y a eu un déclic ». 

Le staycation procure selon lui un idéal du tourisme durable qui allie l’environnement, l’économie et le volet social. En date du 20 février, les retombées économiques pour la région s’élèvent à 1,2 million de dollars. 

« C’est une tendance fascinante. Le staycation est là pour rester », prédit M. Mercure. 

Phénomène pandémique ?

À l’heure des déconfinements tous azimuts, il peut sembler inutile ou impertinent d’aborder le phénomène du staycation. Après tout, le monde est vaste et le culte des tests PCR aux frontières est révolu. 

La période précédant la pandémie soulève néanmoins un indice sur l’avenir du tourisme de proximité : « La pandémie a accéléré une tendance qui était déjà bien présente avant », explique Catherine Verdone, professeure en gestion hôtelière à l’ITHQ et spécialiste du marketing. Selon elle, les voyageurs sont davantage conscientisés sur les conséquences climatiques de leurs déplacements en avion. Ce changement de mentalité pourrait aider le staycation à prendre du galon. 

Pour l’enseignante, le succès de ce mouvement passe notamment par l’offre d’expériences uniques: « Les lits en plume d’oiseau, en duvet, c’est un peu devenu le standard de l’hôtellerie moyen/haut de gamme. Au-delà du look et du décor, comment est-ce que je peux me démarquer ? ». 

Le Germain Montréal a su tirer profit d’une approche originale : l’hôtel a offert des forfaits « repas gastronomiques en chambre ». Vêtus d’une robe de chambre ou encore d’une cravate, les vacanciers urbains ont répondu à l’appel. 

« Au départ, trois chambres ont été réservées spécifiquement pour ce forfait. Ensuite, on a élargi à 50 chambres » illustre Jacques-Alexandre Paquet, directeur général du Germain. Au début du mois de février 2022, près de 3000 forfaits ont été vendus. Encore une fois, les échos du succès de ce forfait sont largement positifs. 

« Les réflexes qu’on a créés sont là pour rester, pour nous et pour les invités », soutient M. Paquet. 

La tendance du staycation ne cesse de surpasser les attentes et confondre les sceptiques. Même si tous s’entendent sur le fait que les touristes internationaux sont vitaux pour la croissance du milieu, le tourisme de proximité ne peut être réduit qu’à un vulgaire prix de consolation. C’est peut-être en son sein que réside la véritable relance, celle qui perdurera.

Steve Carignan

Steve Carignan est diplômé de l'ITHQ en gestion hôtelière. Il poursuit maintenant des études en journalisme à l'Université Laval tout en travaillant comme stagiaire à l'Assemblée nationale du Québec. Il est animé par les questions d'affaires publiques, de relations internationales et de tourisme. Il œuvre depuis 7 ans dans le milieu de la restauration avec une brève incursion dans le milieu communautaire de Québec.