Accor/Airbnb: du rififi dans l'hôtellerie

Airbnb, le trublion de la location de logements en ligne, mérite-t-il son succès face aux acteurs traditionnels du secteur, comme Accor? Echange de vues entre professionnels.
Comme Uber pour les transports et Amazon dans la distribution, l'essor d'Airbnb bouleverse les codes d'un secteur déjà malmené par la révolution numérique. Accusé de fausser la concurrence, d'alimenter la flambée des prix de l'immobilier dans les grandes villes et de participer à l'évaporation des recettes fiscales, Airbnb, cette plateforme qui met en relation des propriétaires privés avec des touristes, est devenu le grand méchant loup des hôteliers. Christophe Alaux, le directeur général d'Accor en France, et Nicolas Ferrary, le patron d'Airbnb France, démêlent le vrai du faux.
Airbnb, c'est de la concurrence déloyale...
Nicolas Ferrary: FAUX
Nous ne sommes pas concurrents, nous proposons juste une offre complémentaire. Lorsque nous avons ouvert notre bureau parisien, en février 2012, le site proposait déjà près de 4 000 offres de logements sur Paris et la proche banlieue. Nous en avons 40 000 aujourd'hui. Avons-nous constaté sur la même période une baisse de la fréquentation des hôtels ? Pas du tout. Le taux d'occupation des hôtels parisiens a continué de progresser, il est supérieur à 80%. Pour la simple et bonne raison que l'offre hôtelière est insuffisante. Quant à nous accuser de concurrence déloyale, c'est un peu facile. Le projet de loi de finances pour 2015 a permis de simplifier la question de la taxe de séjour, puisque la loi nous autorise à la collecter directement auprès des voyageurs. Enfin, sur la question de la fiscalisation des revenus locatifs, la situation est claire : l'hôte doit déclarer ses revenus fonciers comme pour n'importe quelle location immobilière. Nous envoyons chaque année à nos clients un récapitulatif de leurs revenus !
Christophe Alaux: FAUX
Il ne s'agit pas du même univers. Airbnb distribue sur Internet des solutions d'hébergement destinées à une clientèle en majorité individuelle ; Accor propose des marques hôtelières avec des services personnalisés de restauration, de conciergerie, de réunion, de bien-être. En revanche, dans les capitales comme Paris, cette offre alternative pose un problème d'équité fiscale. De lourdes taxes frappent les hôteliers, tandis que les propriétaires d'appartements loués avec Airbnb ne déclarent pas ou rarement leurs revenus locatifs.
Louer sur Airbnb, c'est plus risqué?
Nicolas Ferrary: FAUX
Pourquoi voulez-vous imposer aux particuliers les mêmes normes de sécurité qu'un hôtel ? Encore une fois, nous ne sommes pas sur le même type de produits. Par ailleurs, les risques d'escroquerie sont finalement très limités. Sur Airbnb, le voyageur règle sa facture dès la réservation, mais cette somme n'est remise à l'hôte que vingt-quatre heures après son arrivée. Si le logement ne correspond pas à l'annonce, la somme sera rendue au voyageur.
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