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Blogue culinaire: peut-on en faire une carrière?

Amateurs de voyages, foodies invétérés, avez-vous déjà pensé à créer un blogue pour transmettre votre passion? Et peut-être même en tirer un revenu? En tant que chercheur d'emploi, l'idée vous a peut-être frôlé l'esprit ou du moins, vous connaissez quelqu'un à qui c'est arrivé. Pour ma part, je me suis interrogée à savoir si c'était possible de faire d'un blogue culinaire sa carrière, parce qu'on va se le dire, ça a l'air vraiment divertissant!

 

Selon l'agence digitale française Acti, il existe en moyenne 200 millions de blogues sur la toile dont trois millions voient le jour chaque mois. Le site Food Bloggers in Canada estime à plus de 1200 le nombre de blogues culinaires au pays, sans compter ceux qui sont laissés dans l'oubli.

À Québec, les blogueurs culinaires actifs sont peu nombreux, une dizaine selon Allison Van Rassel, auteure du blogue Foodie in Quebec City.  Après quelques années en tant qu'enseignante d'anglais et journaliste, l'heure des remises en question avait sonné. En septembre 2012, elle a décidé de plonger dans la blogosphère. Amoureuse du terroir et curieuse de nature, Allison a réussi à faire converger ses intérêts, soit la bouffe, la rédaction, et l'anglais, sur une seule plateforme. Son site est une référence pour les habitants de Québec qui désirent découvrir leur ville sous l'angle culinaire, mais surtout pour les touristes qui veulent dénicher les bonnes tables.

 

Bien qu'elle souhaiterait être blogueuse à temps plein, elle se résigne à le faire à temps partiel, car ce n'est pas en bloguant (à tout le moins, pas à Québec) qu'on gagne sa vie. «Personnellement, je ne connais personne qui consacre 100% de son temps à un blogue». Aujourd'hui, elle collabore régulièrement comme journaliste à Radio-Canada et V télé. Car pour vivre uniquement de son blogue, il faudrait entre autres qu'elle héberge une bonne quantité de publicité...

 

Du temps, de l'énergie et de la crédibilité

 

Pour Allison, la transparence est une valeur de base. Elle ne craint pas de dire ce qu'elle pense, que ce soit positif ou négatif. D'ailleurs, elle reproche souvent aux guides touristiques de manquer d'objectivité.

 

C'est probablement son bagage de journaliste qui la pousse à la plus grande transparence dans ses publications. «L'important, c'est d'être authentique dans ce que je fais!», lance-t-elle. La crédibilité s'acquiert aussi avec la qualité du contenu. C'est bien beau parler de bouffe, mais il faut savoir comment en parler!

 

Un blogue, c'est aussi un investissement de soi et des sacrifices. «N'importe qui peut le faire, mais ce n'est pas tout le monde qui a le temps et l'énergie à y consacrer», dit Allison. En juin, elle lancera «Foodie in Quebec City», un guide éponyme de son blogue qui sera « indépendant, avec un point de vue crédible», mais aussi très personnel.

 

Créateur d'opportunités

 

Tout comme Allison, qui est devenue chroniqueuse culinaire à la télé et la radio grâce à son expérience, mais aussi à son blogue, Caroline Decoste considère que son blogue est une porte vers d'autres avenues.

 

Selon elle, bloguer peut difficilement devenir une carrière au Québec. Aux États-Unis et en France par contre, c'est plus fréquent. Elle cite notamment les auteurs de Oh She Glows et Chocolate and Zucchini, qui parviennent à vivre de cette activité.

 

Il y a cinq ans, Caroline Decoste occupait un poste de secrétaire dans un bureau de comptables à Québec. Mais l'ennui s'est emparé d'elle. Ayant une formation en rédaction professionnelle, il lui fallait quelque chose de plus créatif. Son copain lui a donc acheté un nom de domaine pour son anniversaire et l'a encouragée à créer son propre blogue. C'est ainsi que Je suis snob est né, avant que le "foodisme" se pointe à Québec.

 

Son blogue est un peu un portfolio qui lui donne de belles opportunités professionnelles. À la station de radio CKRL, on peut écouter ses chroniques bouffe un dimanche par mois et elle collabore régulièrement à l'émission Bien dans son assiette à Radio-Canada. Elle est aussi rédactrice en chef du magazine 16/08, réviseure indépendante, et fait partie de l'équipe derrière le magazine numérique Fou des Foodies.

 

Selon Caroline, bloguer est un loisir qui coute cher. «De tous les blogues, ceux de bouffe sont les plus coûteux, mais les moins payants». Avoir une formation en cuisine peut être un atout, faire de belles photos aussi, mais à la base, il faut savoir intéresser le lecteur par l'écriture. Et surtout, être passionné!

 

Avant de penser à en faire une carrière, vaut mieux savoir dans quoi on s'embarque. La blogueuse américaine Sally McKenney de Sally's Baking Addiction, décrit quelques difficultés vécues par une blogueuse culinaire en 11 points. (Traduction française)

 

C'est un job 24 heures par jour / 7 jours par semaine. Trouver un équilibre entre le travail et sa vie est difficile.

·      Tous ne vont pas aimer vos recettes et ils vous le diront. On a tous des goûts différents, non?
·      Tous ne vont pas aimer vos photos et vous le diront.
·      Tous ne vont pas aimer votre plume et vous le diront.
·      Des sites de partage de photos rejetteront vos photos.
·      Vous cuisinerez 10 gâteaux à la vanille avant de trouver la meilleure combinaison d'ingrédients.
·      Vous prendrez 207 photos de biscuits au chocolat noir et aucun d'entre eux goutera bon.
·      Des gens voleront votre contenu et tout votre dur labeur.
·      Une bonne partie de votre temps sera consacré à laver de la vaisselle.
·      Vous perdrez votre temps sur la chaine météo en attendant une journée ensoleillée pour photographier votre tarte aux pommes. Tout ce que vous voyez, c'est de la pluie.
·      Vous essayerez de comprendre SEO* (Toujours pas) 


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MARIE-ANNE DAYÉ


Marie-Anne Dayé est journaliste indépendante depuis près de deux ans. Lors d'un séjour en France, elle a écrit pour des médias tels que Rue89, Courrier International et l'Agence France-Presse. À son retour à Québec, elle a travaillé au journal Le Soleil et pige aujourd'hui pour divers magazines. On peut aussi la surprendre en train de nous servir un café, car elle est aussi barista!