Et si la passion n’était pas la voie à suivre ?

« Suivez votre passion et tout le reste suivra » : combien de fois avons-nous entendu ce conseil ? Mais si cette idée populaire était plus compliquée qu’elle n’y paraît ? Serait-ce un adage intemporel ou une idée romantique qui nécessite une réévaluation à l’ère moderne ?

Cette semaine, nous nous sommes plongés dans le livre So Good They Can’t Ignore You de Cal Newport, publié par les Éditions Grand Central en 2012, afin de remettre en question cette idée largement acceptée qu’il faut faire de sa passion, son métier.

Le danger de la passion comme principe directeur

Newport, professeur d’informatique à l’Université de Georgetown, hôte du balado Deep Questions et auteur à succès reconnu pour ses commentaires perspicaces sur la technologie, le travail et la productivité, s’est lancé dans une mission pour déboulonner l’hypothèse de la passion et offrir un plan d’action plus efficace pour le succès professionnel.

Dans son ouvrage « So Good They Can’t Ignore You », il remet en question le mantra largement accepté selon lequel suivre sa passion est la clé pour trouver la satisfaction professionnelle.

Le livre commence par un examen critique de l’idée reçue de la passion, qui suggère que la clé du bonheur professionnel est d’abord d’identifier sa passion, puis de trouver un emploi qui correspond à cette passion.

Non, ce n’est pas la passion qui forge les carrières d’exception, mais plutôt l’art de devenir tellement bon qu’on ne peut tout simplement pas vous ignorer. Newport nous secoue, nous réveille : ce n’est pas la passion qui forge les carrières exceptionnelles, mais plutôt l’art de devenir tellement indispensables que personne ne peut plus se passer de vous. Oui, vous avez bien lu. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, pas en rêvant d’être forgeron !

Pour illustrer que le succès personnel ne dépend pas forcément de la passion initiale, il évoque l’exemple de Steve Jobs. Dans son célèbre discours à l’Université de Stanford en 2005, il encourageait les nouveaux diplômés à poursuivre ce qui les passionne. Cependant, Newport souligne que Jobs lui-même n’a pas immédiatement embrassé la technologie ou le design de produits comme passions. En réalité, son intérêt pour ces domaines s’est épanoui progressivement, enrichi par des expériences diverses.

Selon Newport, la passion serait en fait le résultat du développement préalable de la maîtrise et de la compétence dans un domaine, plutôt que la cause du choix de carrière d’une personne. En d’autres mots, la passion viendrait donc après avoir déjà acquis des compétences et de l’expertise dans un domaine, et non avant de choisir une carrière. Newport le dit simplement : « La passion est un effet secondaire de la maîtrise. » (Passion is a side effect of mastery).

Devenir incontournable: La clé du succès

Dans le monde effervescent de l’hôtellerie et du tourisme, cette idée prend tout son sens. Pensez-y un instant. Est-ce la passion qui crée l’expert en accueil capable de gérer une crise en un clin d’œil ? Ou est-ce plutôt des années de dévouement, d’apprentissage et de polissage de compétences ? La réponse, chers lecteurs, est aussi évidente qu’une tempête de neige surprise en avril.

Ce n’est pas en courant après une passion évasive que l’on atteint les sommets, mais en accumulant, avec acharnement, des compétences si précieuses que votre valeur devient indéniable. Vous voulez que les portes s’ouvrent comme par magie ? Devenez incontournable. Devenez cet expert que tout le monde veut avoir dans son équipe, celui qui transforme les problèmes en solutions avant même que le client ne se rende compte qu’il y avait un hic.

Donc, à vous tous, artisans de l’hôtellerie et du tourisme au Québec, nous disons ceci : lâchez cette quête incessante de la passion. Concentrez-vous plutôt sur l’excellence. Travaillez dur, affûtez vos compétences, et regardez la passion vous rattraper, vous dépasser et finalement, vous envelopper dans un épanouissement professionnel inimaginé.